Je ne parviens plus à écrire - ou plutôt à publier - sur le journal imaginaire depuis maintenant 4 ans. Pour partie, cela vient du temps excessif passé sur Twitter, puis désormais Bluesky. Il faut m’y résoudre: je suis d’un naturel à m’épancher. À l’origine, la visée du Journal Imaginaire était plus biographique qu’il n’y paraît désormais à la lecture; mais une biographie détournée, inspirée en partie par le journal d’Evelyn Waugh (sans son style, il y a des choses qu’on ne peut égaler).
Autant revenir au blog, me suis-je dit; non un blog politique, ou intellectuel, ou sérieux, mais un blog plus proche d’un journal (au sens de “journal intime”), où je ne m’interdirais pas de parler politique par ailleurs, mais où je ne dois pas maintenir la persona du narrateur du Journal Imaginaire, qui est devenu trop pour moi.
Qui le lira ? Je l’ignore. Je suis toujours étonné d’être lu par des gens (que ce soient les threads, les épigrammes ou les textes à ambition plus littéraire du Journal Imaginaire); je le serai encore plus pour ce journal là, qui risque d’être singulièrement égocentré.
Sera-t-il tenu régulièrement ? Me connaissant, c’est peu probable. En fait de journal, ce texte, comme à peu près tout ce que je fais, tiendra sans doute du “fragment”, mais voilà, ce mot m’insupporte, et je ne l’emploierai qu’ici, à des fins de clarification.
Pourquoi ne pas tenir un journal privé ? Parce que je n’y parviens pas. Peut-être me faut-il un brin d’exhibitionisme pour arriver à écrire. Peut-être l’absence de contrainte d’un journal privé ne me convient pas. J’ignore la raison exacte, mais j’en suis certain après de nombreuses tentatives.
Sera-t-il réellement sincère ? Comme dans l’autre journal, comme dans tout journal, on n’échappe pas à Philippe Lejeune. Il le sera dans la mesure où j’en suis capable. Je pense qu’il sera plus intérieur que sincère, et je suis arrivé au point où je n’ai plus l’illusion de croire me connaître si bien - c’est sans doute, à vrai dire, parce que je ne me connais pas que je journalise sous une forme ou sous une autre.